Comment produire un foin de qualité pour mes chevaux ?

Dans mon dernier article, je vous présentais les intérêts de faire analyser votre foin pour équilibrer votre ration. L’objectif est bien sûr de pouvoir distribuer à ses chevaux un foin de bonne qualité nutritive afin de diminuer la part de compléments dans la ration. Mais comment produire un bon foin ? Quels sont les facteurs qui font variés sa qualité nutritionnelle et sanitaire ? Comment faire un foin adapté aux besoins de mes chevaux ? Réponses dans cet article !!

Facteur n° 1 : Le stade de maturité !

Le premier facteur affectant la qualité du foin est le stade de maturité de l’herbe. Plus la plante prend en maturité plus le ratio feuille/tige diminue. Durant son développement, elle se structure et sa concentration en paroi végétale (cellulose, lignine) augmente et les éléments solubles diminuent.

Elle perd en richesse énergétique et protéique (- de feuilles) et en digestibilité (+ d’éléments structuraux). Les pertes en nutriment et en digestibilité sont plus rapides en général pour l’herbe de prairie que pour les légumineuses (luzerne, trèfle). Pour l’herbe de prairie la digestibilité diminue linéairement de Mai à Juin. Le taux de perte varie en fonction de l’espèce et de la région

Facteur n°2 : La météo !

La température, le déficit en eau, la radiation solaire et la disponibilité des nutriments du sol influencent aussi la qualité.

La température a la plus grande influence car elle a un effet direct sur la maturité de la plante. L’herbe mature plus rapidement sous un été chaud que sous un printemps frais ou à l’automne. Pour les espèces de climat tempéré comme le raygrass et la luzerne, la température de croissance optimale est 20°C.

A même stade de maturité, des températures croissantes diminuent le ratio feuille/tige et la digestibilité.

Le déficit en eau, induit la mort des feuilles, donc réduit la concentration en protéine et en élément soluble. Des stress sévères et fréquents, provoquent la dormance de certaines espèces et le retour de tous les éléments nutritifs dans les racines, ce qui donnera un foin très pauvre.

Les variations diurnes augmentent la concentration des glucides solubles en fin d’après-midi, il peut être intéressant de faucher en après-midi pour un enrubannée. L’intérêt est moindre pour le foin car les éléments accumulés seront perdus lors du séchage. Plus les journées sont longues et plus la qualité du foin sera grande. La fertilisation en azote aura un effet sur l’augmentation des protéines dans le foin, et légèrement sur la digestibilité.

Facteur n°3 : Les espèces !

En deuxième temps, vous pouvez jouer sur les espèces de la pâture, pour augmenter la qualité, et adapter la prairie aux paramètres décris plus haut.

Facteur n°4 : la récolte et le conditionnement !

Après la période de coupe, c’est la production qui influe le plus sur la qualité nutritionnelle et sanitaire.

- La hauteur de coupe : 4 à 5 cm du sol donnera un foin plus fibreux et augmentera les risques de présence de poussières et de terre dans le foin, 10 cm du sol fournira un foin plus feuillu (donc plus riche) et sera plus sûr.

- Le séchage : en fonction du milieu, s’il est plus humide, il est préférable de faire un séchage plus rapide avec des andains étalés, s’il est plus sec, un séchage plus lent en andains étroits paraît plus optimiser pour conserver la qualité du foin. Le fanage prend en compte aussi le milieu ambiant, parfois un seul suffira, en général il faut réduire au plus l’action mécanique sur le foin car il augmente les pertes en feuilles et risque d’apporter des éléments indésirables dans le foin.

- Le conditionnement : plus il est dense plus il faut le récolter sec car il devient très résistant à la ventilation et à l’aération. Plus il faut le sécher et plus il perd en élément nutritif. S’il est conditionné trop humide, les risques de développement de moisissure augmentent. Attention avec la fermentation, la température de la botte explose et cela peut provoquer des incendies destructeurs.

Ainsi chacun doit prendre en compte ses objectifs et ses contraintes pour produire un foin adapté et sûr pour l’alimentation de ses chevaux.

Source :
Conseil québécois des plantes fourragères, 2002. Guide sur la production de foin de commerce. Buxton D., 1996. Quality-related characteristics of forages as influenced by plant environment and agronomic factors.


Suzie Bathellier