Diversité des fibres et leurs actions sur la digestion chez le cheval

En ce moment, vous entendez souvent parler de fibres ! Mais qu’est ce qui rentre dans la définition des fibres ? Quelle est la différence entre la pulpe de betterave, le foin, ou la luzerne en termes de fibres ? Après avoir lu cet article, vous serez incollables sur les fibres

Définition des fibres

Les fibres correspondent aux constituants des cellules végétales non digestibles par voie enzymatique. C'est-à-dire que le cheval ne possède pas les enzymes pour digérer ces constituants. En revanche, il héberge une diversité de microorganismes qui les possèdent. La détermination des proportions de fibres dans un aliment se fait par analyse chimique en laboratoire suivant différentes techniques. Ces analyses permettent d’obtenir des valeurs de cellulose brute, que vous retrouvez sur les étiquettes des aliments, ou de NDF, ADF, etc. que vous pouvez retrouver sur les analyses de fourrages.

Il faut donc différencier le terme « fibre » désignant des composants végétaux, définit par la cellulose brute et le taux de NDF par exemple, et « fibre » désignant la forme physique, même si les deux sont liés. On associe souvent le terme « fibre » aux fourrages à l’opposé des céréales, pourtant il y a des fibres dans les deux. En effet, si pour les fourrages, ils sont constitués essentiellement de fibres, les céréales en possèdent également, dans une moindre proportion, grâce aux enveloppes notamment.

Cependant, la composition et les propriétés de ces fibres sont différentes et dépendent des tissus de la plante (tige, feuille, graine, albumen, sons, enveloppes, etc.), de leur stade physiologique et des espèces végétales (Maïs, herbe, légumineuses). Une de leurs propriétés primordiales est leur propriété d’hydratation définie par la capacité au gonflement, de solubilisation, de rétention et d’absorption d’eau.

Diversité des fibres

On peut diviser les fibres en deux grandes catégories :

Les fibres solubles

  • Les pectines présentes dans les pulpes de betterave, d’agrumes, marcs de pommes, etc.,
  • Les gommes et les mucilages comme dans le psyllium, les graines de lin ou les graines de chia,
  • Une part des hémicelluloses, celles plutôt des grains et des tourteaux.

Ces fibres font partie de la matrice des parois végétales, qui permettent de lier et renforcer les éléments structuraux. Elles ont une grande capacité d’absorption d’eau et ont des propriétés viscosantes ou gélifiantes grâce à leur solubilité.

Les fibres insolubles (définit par la cellulose brute)

  • Cellulose
  • Une part des hémicelluloses
  • Lignine, très présente dans un fourrage tardif ou les pépins de raisin,

Les fibres insolubles constituent la base structurelle des cellules végétales, elles ont plutôt une structure linéaire et rigide pour soutenir la plante. La cellulose peut être plus ou moins accessible à la dégradation en fonction de la matrice qui l’entoure et de l’âge de la cellule, plus elle est vieille et moins la paroi sera accessible et fermentescible. Ce genre de fibres aura surtout tendance à gonfler en absorbant et en gardant l’eau mais ne sera pas capable de se solubiliser dans le milieu.

Différences pour la digestion du cheval

Ces différences entre les fibres et leurs propriétés physico-chimiques contribuent à leurs propriétés nutritionnelles et leurs actions différentes sur la santé digestive du cheval. La capacité de rétention d’eau est primordiale pour l’équilibre du transit intestinal, en effet, le gonflement des fibres contribuera à augmenter le volume intestinal et ainsi stimuler le péristaltisme (mouvement des muscles intestinaux pour faire avancer le contenu digestif vers le colon).

Les fibres solubles grâce à leur propriété gélifiante ou viscosante, influenceraient la satiété et la vitesse de digestion. Grâce à leur solubilisation dans le milieu, elles sont plus accessibles par les microorganismes et souvent facilement fermentescibles, c'est-à-dire que les microorganismes les dégradent pour produire des acides gras volatils (source d’énergie du cheval). Ce qui en fait des fibres très énergétiques, avec un rôle de régulation métabolique (cholestérolémie, lipémie, insulinémie et glycémie). Elles permettraient aussi d’augmenter la digestibilité des autres fibres.

On peut classer la fermentescibilité croissante en fonction de la teneur en fibre soluble croissante : graminées fourragères, les légumineuses fourragères, les sons de céréales, la pulpe de betterave, les pellicules de soja, les pectines de pommes et d’agrumes.

À retenir

  • Les fibres sont la source d’énergie privilégiée par les chevaux : elles sont souvent sous estimées par les valeurs analytiques.
  • Elles ont un effet bénéfique et essentiel sur le transit du cheval.
  • Les fibres solubles sont à favoriser lorsque le cheval est sous effort physique intense.


Source :

- N. Miraglia, D. Bergero, M. Polidori, P.G. Peiretti, G. Ladetto, 2006. The effects of a new fibre-rich concentrate on the digestibility of horse rations. Livestock Science, p0–13.
- M.J.S. Moore-Colyer, J.J. Hyslop, A.C. Longland, D. Cuddeford, .Intra-caecal fermentation parameters in ponies fed botanically diverse fibre-based diets.
- J.A M.D. Murray, A. Longland, P. M. Hastie, M. Moore-Colyer, C. Dunnett. The nutritive value of sugar beet pulp-substituted lucerne for equids.
- L. Saulnier, 2018. Diversité et caractérisation des fibres alimentaires. INRA, 15p.
- S.Julliand, 2018. Les concentrés de demain pour chevaux : quelle place pour les fibres alimentaires. Congrès Lab To Field, p12-19.

Suzie Bathellier
Chef de produit