La fourbure est une infection métabolique qui se manifeste principalement au niveau des pieds, une maladie grave dont l’homme est souvent responsable. Trop d’aliments, trop de médicaments, trop de travail … les conduites à risques sont multiples. Les conséquences peuvent être dramatiques.

Devant un cheval abattu, anorexique, qui se campe sur ses membres antérieurs, qui reporte son poids sur ses postérieurs, qui « marche sur des œufs » et qui présente un faciès anxieux et douloureux, il y a tout lieu de s’inquiéter. En effet, nous sommes ici en présence de signes d’une maladie grave : la fourbure, un sévère mal de pieds sont les conséquences peuvent être dramatique. Le cheval peut mourir, ou du moins sa vie peut devenir difficile.

La fourbure est une maladie générale, qui se localise dans les pieds du cheval. Bien qu’elle se manifeste, le plus souvent, sur ses antérieurs, car ils supportent l’essentiel de son poids, la fourbure peut aussi concerner les antérieurs. On dit alors qu’elle est bipodale, ou quadripodale. La plus fréquente et la plus connue des spécialistes est la fourbure qui survient après des repas trop riches en glucides, plus précisément au lendemain de l’ingestion massive d’herbe, d’avoine, de blé ou de concentrés. C’est un état au cours duquel le cheval produit trop d’acide lactique ou d’endotoxines (composés toxiques), qui ont pour conséquence de modifier le pH de l’intestin et de provoquer une importante dégradation de la flore intestinale, au point d’en empoisonner et perturber la circulation et la coagulation sanguine. Dès lors, à cause d’un certain désordre vasculaire, il en découle un défaut d’irrigation du pied. C’est la fourbure.

Pour les autres formes, la relation entre la cause de la fourbure et l’atteinte du pied semble plus méconnue. C’est le cas de la fourbure de parturition, qui est une dégradation du placenta, avec ou sans surinfection bactérienne, site à la délivrance ou non par la jument ; de la fourbure de route, qui est l’expression retardée (à plus de 48 heures) du syndrome d’épuisement ; ou encore de l’absorption massive ou mal indiquée de corticoïdes, qui auraient une action néfaste sur les vaisseaux des pieds. Lors de la fourbure, tous ces désordres généraux ont une influence particulière sur les grandes fonctions de l’organisme. Ainsi, en plus des signes de mal-être, le cheval laisse apparaître durant la fourbure des symptômes spécifiques. Par exemple, dans le cas d’une fourbure alimentaire, le cheval présente une tachycardie et une tachypnée, des troubles digestifs, un abattement et une congestion des muqueuses. Lors d’une fourbure de parturition, les symptômes sont de l’hyperthermie et des tremblements musculaires. Tandis que, dans la fourbure de route, le cheval est prostré, avec une fréquence respiratoire élevée et instable. Il est souvent mou et couché.

Chauds et douloureux

On l’a dit, la fourbure est un défaut d’irrigation sanguine, qui se localise dans les pieds du cheval. Plus précisément, elle se traduit par une dégénérescence des tissus mous du sabot, le podophylle exactement. Durant la maladie, la circulation capillaire ne se fait plus correctement. Des caillots de sang se forment dans les pieds et finissent par provoquer un phénomène de nécrose ischémique (une altération des tissus due à une insuffisance en oxygène), qui peut être étendue. C’est elle qui provoque la douleur. Elle peut être plus ou moins importante. Pour faire une comparaison avec l’homme, la souffrance ressentie dans le pied du cheval au moment d’une fourbure équivaut sans doute à celle de l’onglée sur nos doigts. C’est la raison pour laquelle les sabots peuvent être chauds en haut (à cause de l’inflammation), plus froids en bas, et douloureux à la pression de la pince à sonder en avant de la fourchette, à cause du défaut d’irrigation.

C’est lorsque le podophylle n’est plus nourri que la situation devient la plus critique. Car c’est à cet instant que peut se produire l’acte fatal, le tant redouté basculement de la phalange distale (troisième phalange ou os du pied). Il peut avoir lieu dans les 72 heures qui suivent le déclenchement de la fourbure. La phalange distale n’étant plus soutenue par le pied, alors plus irrigué, elle peut basculer sous l’action du tendon fléchisseur profond et venir déformer, voire perforer, la sole. Si l’on en arrive là, il y a tout à craindre pour le cheval. D’une part les récidives sont possibles, ce qui signifie que la fourbure peut devenir chronique. D’autre part, même si, avec ce genre d’affection, il arrive que les chevaux puissent vivre et poursuivre leur carrière sportive, cela nécessite une vigilance de tous les instants.

Quatre stades de gravité

Il y a quatre stades de gravité de la fourbure. Dans le moins sérieux, le cheval se dandine juste d’un pied sur l’autre. Dans la phase un peu plus avancée, il reste immobile, accepte de se faire examiner les pieds et de marcher dans une allure caractéristique de la maladie : il donne l’impression de se déplacer sur des épines. Les choses s’enveniment lorsque le cheval entre dans la troisième phase de la fourbure. Ici, le cheval ne consent ni à bouger seul, ni à donner ses pieds. Le cas extrême est celui dans lequel il est couché et ne veut plus se lever.

Les soins urgent en fonction de chaque cas. Quoi qu’il en soit, il faut toujours agir vite devant une fourbure. Il convient en premier lieu, de stopper la douleur pour empêcher la sécrétion de catécholamines (substance endogènes qui favorisent le rétrécissement des vaisseaux sanguins). En second lieu, il faut immobiliser le cheval, de préférence sur du sable ou une litière confortable, jusqu’à disparition des symptômes. Il faut que le cheval réponde vite aux traitements, essentiellement des anti-inflammatoires non stéroïdiens au fort pouvoir antalgique (antidouleur) et antiagrégant plaquettaire (fluidifiant). C’est-à-dire qu’il aille beaucoup mieux dans les 24 à 48 heures après le début de la médication. Au-delà, le pronostic s’assombrit. Ajoutons, que, dans le cas d’une fourbure alimentaire, l’animal doit être mis au plus vite à la diète, et que dans la fourbure de parturition, la délivrance doit être complète et faite rapidement.

Pour soigner une fourbure, hormis le traitement thérapeutique classique, il peut être proposé l’intervention chirurgicale. Elle est anecdotique. Ce qui ne l’est pas, c’est la collaboration entre le vétérinaire et le maréchal-ferrant pour traiter la fourbure. Après un examen radiologique des pieds, il est souvent préconisé un parage puis une ferrure orthopédique. Cela consiste à décompresser la couronne, à rétablir la vascularisation et à nettoyer le podophylle ; à lever la pression de la troisième phalange sur le corps de la sole et à reporter le poids du cheval sur la partie postérieure des pieds ; et à poser un fer en cœur pour supprimer l’appui en pince, qui est le siège de la fourbure. Ce fer est l’un des plus efficaces pour traiter cette pathologie.

Par définition, la fourbure est une maladie grave. Elle laisse des séquelles, qui peuvent être visuelles mais aussi physiques. En présence d’une fourbure, il faut d’abord appeler le vétérinaire. Lui verra avec le maréchal-ferrant la suite à donner aux événements. Les fourbures les plus compliquées à soigner sont  celles traitées trop tard. Celles de parturitions ou de route sont en principe plus faciles à éradiquer que la fourbure alimentaire, car leurs premiers symptômes sont visibles.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos