La moitié des cas de fourbure sont d’origine alimentaire. En effet, la consommation d’importantes quantités de glucides facilement fermentescibles, sous forme d’amidon dans les céréales ou d’oligosaccharides dans l’herbe sont à l’origine de nombreuses fourbures. Explications !


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Lorsque la prise d’amidon dépasse la capacité de digestion antécaecale du cheval, le volume d’amidon « résiduel » qui atteint le gros intestin augmente rapidement.

Le fructose se retrouve également en grande quantité dans le gros intestin lors de consommation élevée d’herbe « jeune », car il ne peut pas être hydrolysé par les enzymes digestives du cheval.


En présence d’amidon ou de fructose, certaines bactéries entraînent la fermentation de ces glucides et prolifèrent. La concentration de lactate, produit par la fermentation, augmente et génère une acidification du milieu intestinal. Des bactéries utilisatrices de lactates le transforment en propionate au pouvoir moins acidogène. Cependant, lorsque la production de lactate est excessive, la baisse du pH est telle que les bactéries utilisatrices de lactate ne peuvent plus se développer et réguler sa concentration. Une acidose aiguë est alors observée.

Lorsque le pH se situe en dessous de 5, un grand nombre de bactéries intestinales est lysé. Cela provoque une importante libération d’endotoxines dans le gros intestin. En parallèle, la muqueuse intestinale est endommagée par l’acidose, ce qui la rend plus perméable.

Une hausse des concentrations d’endotoxines plasmatiques est ainsi notée dans les 8 à 12 heures qui suivent l’ingestion massive d’amidon ou d’oligosaccharides. L’endotoxémie conduit à des perturbations de la circulation sanguine au niveau du pied, à l’activation des métalloprotéases matricielles et à une inflammation responsables de l’épisode de fourbure.

Quelle sont les recommandations nutritionnelles ?

La fourbure aiguë apparaît généralement à la suite d’une forte surconsommation de glucides facilement fermentescibles : cheval qui trouve la graineterie, ingestion de grandes quantités de fruits mûrs sous un arbre, accès à une pâture riche et abondante, etc.

Les mesures de préventions contre les « surconsommations accidentelles » sont rationnelles : isoler la graineterie, mettre en place un périmètre non accessible autour des arbres fruitiers dans les pâtures, etc. Concernant l’ingestion d’herbe, lorsque l’herbe est riche en oligosaccharides au printemps, pendant les périodes de stress hydrique ou des les pâtures riches en trèfles, une restriction de la surface disponible ou la pose d’un panier peut être conseillée. La fourbure chronique peut être observée à la suite d’une fourbure aiguë, ou lors d’une légère surconsommation d’amidon ou d’oligosaccharides sur une longue période. Le risque sera accentué chez les chevaux atteints de perturbations endocriniennes (maladie de Cushing) ou métaboliques (syndrome métabolique équin).

Pour limiter les risques de développement de fourbure chronique d’origine alimentaire, il est recommandé de ne pas dépasser 200g d’amidon par 100 kg de poids vif et par repas. Il est également conseillé de limiter l’ingestion d’herbe, en particulier au printemps.

Pour les chevaux « à risque », il est suggéré d’élaborer leur ration à partir d’un fourrage à faible teneur en glucides non structuraux, tel un foin de prairie naturelle récolté tardivement. De même, la quantité maximale d’amidon par repas peut être réduite à 100 g par 100 kg de poids vif.

Vous pouvez également compléter la ration de votre cheval avec des apports en antioxydants et en biotine pour favoriser la lutte contre les dérivés réactifs de l’oxygène et la croissance de la corne.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos