Pourriture des fourchettes chez le cheval : comment l’éviter ?

Pendant l’hiver, nous avons tous été confrontés au moins une fois à la pourriture des fourchettes. On se doute de la cause : humidité et boue, mais pourquoi ? En lisant cet article vous saurez tout sur cette pathologie souvent hivernale !

La pourriture des fourchettes, qu’est ce que c’est ?

La pourriture des fourchettes est une dégénérescence du tissu épidermique de la fourchette généralement causée par une infection bactérienne. Cela commence lorsque la bactérie pénètre la corne externe ou l’épiderme de la fourchette et se caractérise par la détérioration de celle-ci et la présence d’un exsudat à l’odeur nauséabonde provenant de la nécrose des tissus. Il y a, en général, une augmentation de l’humidité de l’arrière du pied et des tissus noircis au niveau de la fourchette. La fourchette est plus petite, en retrait dans le pied par rapport au sol, et manque de fermeté. D’une manière générale, cela touche les lacunes de la fourchette notamment la lacune centrale, qui est plus profonde que la normale ou présente une fente plus ou moins profonde séparant les deux glomes. Dans les cas les plus graves, la nécrose peut atteindre le derme, tissu sensible profond de la fourchette, et provoquer des douleurs et une boiterie. Du sang peut apparaître lorsque vous curez le pied.

Cette pathologie doit être différenciée du crapaud, qui est, à l’inverse, une maladie proliférative (produit du tissu) de la fourchette.

L’organisme coupable est en général la bactérie anaérobique Fusobacterium necrophorus. Il n’est pas capable de traverser la peau, donc il est accompagné d’autres bactéries qui lui ouvrent le chemin. Le mécanisme n’est pas encore bien connu, mais ces autres bactéries consommeraient l’oxygène de la zone d’infection pour permettre à la bactérie F.necrophorus de survivre. C’est rarement une infection fongique.

Qu’est-ce qu’une fourchette saine ?

Une fourchette saine et bien formée est large (70% de sa longueur), ferme et se déforme sous la pression du pouce. Elle agit comme un joint de dilatation qui maintient les talons séparés, partage la fonction porteuse avec les autres structures du pied et aide à absorber les chocs. Lorsque le cheval met correctement du poids sur sa fourchette, cela stimule la circulation sanguine du pied et contribue à la santé de la fourchette. Une fourchette bien formée contribue aussi à l’auto-nettoyage du pied en favorisant l’expulsion des saletés par son mouvement (contraction-dilatation).

Quels sont les facteurs aggravants ?

Les principaux facteurs sont les déformations du pied (talons bas ou cisaillés, etc.), les parages inappropriés, ou les conditions d’humidités constantes et insalubres (boues au champ mélangées aux urines, ou litières souillées par les urines et les crottins) souvent combinées avec un manque de soin des pieds quotidien et d’exercice.

La fourchette mal formée ou en mauvaise santé est nettement plus petite et laisse un espace entre le sol et le pied qui favorise l’accumulation de saletés. Le principal problème arrive lorsque la fourchette arrête d’être stimulée par son action sur le sol, la circulation sanguine du pied est alors perturbée pouvant causer l’atrophie de la fourchette. L’accumulation possible des débris engendre une aggravation de la détérioration et de l’atrophie de la fourchette par la pression qu’elle engendre. Cette dégradation réduit la corne protectrice de l’épiderme, fragilisant la fourchette et la rendant sensible à l’infiltration de pathogènes. En plus de fragiliser la fourchette, cet amas de saletés dans le pied est un milieu favorable au développement des bactéries (notamment anaérobiques). La fourchette n’agit plus sur les talons et elle ne supporte plus le poids du cheval, ce qui contribue à aggraver la situation. Si la pourriture de fourchette n’est pas traiter cela peut conduire à une perte totale de fonction du pied du cheval et donc à son euthanasie.

On peut observer le même phénomène avec les fourchettes mal parées. Les morceaux de peaux mortes peuvent obstruer les lacunes, diminuant l’oxygène et piégeant l’humidité et les saletés. Les chevaux boiteux sont souvent victimes de la pourriture des fourchettes car ils ne posent pas leur poids sur la fourchette ce qui empêche son bon fonctionnement.

Un milieu humide peut ramollir les tissus de la fourchette les rendant plus fragiles. Des blessures aux tissus de la fourchette peuvent arriver par des graviers ou d’autres objets contondants et favoriser l’accès aux bactéries. Cela fonctionne dans l’autre sens, lorsque l’on commence à soigner la fourchette en enlevant les tissus nécrosés et en améliorant la conformation du pied, les conditions favorables aux bactéries disparaissent et donc la présence de celles-ci diminue.

Comment soigner la pourriture de la fourchette ?

Traitement de la pourriture des fourchettes :

  • Il faut tout d’abord commencer par améliorer le pied, la conformation et la santé de la fourchette, avec un bon parage. Le pied ne sera pas guéri tant que la stimulation normale de la fourchette par la marche du cheval ne sera pas retrouvée. Donner des antibiotiques et traiter la plaie ne feront que soulager, si le problème vient d’une mauvaise conformation du pied.
  • Ensuite, je vous conseille de nettoyer la plaie avec du savon et des désinfectants et d’appliquer Pourriture de fourchette soin express pour activer la guérison des tissus et renforcer leur protection contre de nouvelles agressions. Enfin, vous pouvez protéger la plaie en l’enveloppant d’une gaze et d’une bande vetrap.
  • Le cheval doit être gardé dans un endroit sec et propre. Il faut qu’il fasse de l’exercice pour encourager le fonctionnement de la fourchette.

Il y a beaucoup de produits commerciaux pour traiter et résoudre la pourriture de fourchette. Cependant, tant que la santé et la structure de la fourchette ne se sont pas améliorées, ils n’auront qu’un court effet. Cette pathologie est rare chez des fourchettes bien conformées et bien entretenues par le maréchal-ferrant.

Source :
Stephen E. O'Grady, 2018. Equine Thrush: A Closer Look. The American Farriers Journal, 8.

Suzie Bathellier
Chef de produit