Quel est l’impact environnemental du cheval et de son utilisation ?

Quand on parle de pollution des sols et d’émission de gaz à effet de serre, les élevages de vaches laitières sont souvent mis en cause, mais quand est-il des chevaux ? Est-ce que l’élevage et l’utilisation du cheval sont polluants ? Est-ce que les pratiques ont une influence sur les émissions d’effluents et leurs dégradations ?

L’utilisation du cheval peut avoir plusieurs impacts environnementaux, par l’utilisation des ressources et les émissions vers l’air, le sol et l’eau.

Le cheval : un animal pollueur ?

Lorsque j’évoque les émissions polluantes, je fais référence, bien sûr, au méthane et à l’azote. Mais aussi à l’impact que peuvent avoir les minéraux présents dans l’urine et les fèces sur l’environnement.

Pour ce qui est du méthane, pour 1 kg d’aliment consommé, la production de méthane est 3 à 4 fois plus faible chez le cheval que chez les ruminants. Le facteur d’émission annuel de méthane est en moyenne de 20.kg/animal/an. L’émission de méthane peut varier en fonction de l’utilisation, de la race et de l’alimentation du cheval. Ainsi, la part d’émission des chevaux de sport et loisir par rapport à l’émission totale des équins est de 38% contre 11.4% pour les chevaux de course (à partir de 24 mois) et 3.4% pour les poneys. La part de l’équin dans les émissions totales est de 1.5%.

Les pertes urinaires d’azote sont liées aux métabolismes, la production journalière d’urine pour un cheval adulte de 500kg à l’entretien nourri avec une ration à base de fourrages (45 à 95%) est comprise entre 12 et 25ml/kg de PV soit 6 à 13L. Cette production est bien entendu liée à la consommation d’eau, à l’alimentation et à l’utilisation du cheval. La rétention de l’azote augmente lorsque le cheval est sujet à une augmentation de l’exercice, et on constate plus d’azote excrété avec l’utilisation d’un foin de légumineuses (plus riche en azote) qu’un foin de graminées. Faire correspondre les besoins en protéines et la qualité de celles-ci dans l’aliment pour un cheval au travail est important pour contrôler les pertes en azote dans l’urine.

L’excrétion d’azote dans les fèces est surtout liée à l’alimentation, ainsi une alimentation plus riche en matière azotée totale conduira à des fèces plus riches en azote. La production journalière de fèces, pour un cheval adulte à l’entretien de 500kg alimenté à volonté à l’auge avec des fourrages verts seuls, est en moyenne de 8g de MS/kg de PV soit 4kg de matière sèche (MS) pour une quantité ingérée moyenne de 9.4kg de MS.

L’urine du cheval est chargée en minéraux totaux. Elle est très riche en potassium et bien pourvue en calcium. Les pertes en minéraux dans l’urine varient en fonction de l’alimentation. En générale l’excrétion des différents minéraux augmente avec leur teneur dans l’aliment, à l’exception du calcium qui diminue quand la quantité ingérée augmente.

Les fèces des chevaux sont riches en calcium et phosphore surtout, et moins bien pourvus en magnésium, sodium et potassium. Les quantités journalières des différents minéraux excrétés dans les fèces varient avec le type d’animal et l’état physiologique. Les excrétions varient en fonction de la teneur en minéraux de l’alimentation (notamment des fourrages), et également des interactions digestives entre les minéraux eux-mêmes, par exemple, l’excrétion fécale du calcium augmente avec la teneur en calcium de l’alimentation et, dans une certaine mesure, avec la teneur en phosphore. Toutefois, le cheval à l’entrainement nourri par un régime avec une forte teneur en phosphore excrète plus de phosphore dans les fèces mais en retient aussi plus par jour.

Le cheval de 500kg excrèterait par l’urine, au cours d’une saison totale de pâturage, environ 5kg de calcium, 2,5kg de phosphore, 1kg de magnésium, 1,5kg de sodium et 14kg de potassium. Et par les fèces environ 10kg de calcium, 8kg de phosphore, 2kg de magnésium et 2kg de potassium.

Quel est l’impact du cheval sur les pâtures ?

L’impact environnemental des chevaux aux pâturages comporte les dégâts physiques (tel que le piétinement, la destruction des végétaux, l’érosion du sol) et les dégâts chimiques liés notamment à la défécation et aux lessivages.

Le comportement spécifique des chevaux aux pâturages peut créer une altération de l’écosystème de la surface pâturée. En effet, les chevaux sélectionnent et évitent les zones de défécation. Ainsi, sans retrait des crottins, on pourra voir se former des zones d’herbe rase et des zones de terre nue pour les pâtures avec un fort chargement en chevaux, et des zones sous utilisées où la densité de l’herbe sera diminuée pour de grandes pâtures à faible chargement.

Pendant l’hiver, l’apport des fèces surpassent les besoins de l’herbe, ce qui crée un risque de lessivage des minéraux et azote dans les cours d’eau et nappes souterraines. L’enrichissement du sol est inégal souvent localisé dans les zones d’alimentation, d’abreuvement et de défécation, dans ces zones le risque de lessivage est accru, notamment pendant les pluies, même avec un équilibre entre les besoins de l’herbe et les dépôts en nutriment des fèces pendant les périodes de pousse de l’herbe. On peut voir un plus haut niveau de potassium dans les zones dites de défécation. Les crottins de chevaux sont aussi une source de contamination bactérienne de l’eau potable.

Le type de sol, la qualité du couvert végétal, le chargement, la quantité et la fréquence d’application du fumier jouent un rôle dans la détermination du risque environnemental de la pâture pour les cours d’eau et les nappes souterraines. Des sols nus comportent un risque accru de lessivage, le couvert végétal n‘étant plus là pour servir de protection contre l’érosion et de filtre en absorbant les nutriments.

Aux vues de ces risques de pollution, il est important de choisir une méthode de gestion des pâtures pour favoriser le maintien du sol et du couvert végétal en bonne santé et minimiser les excès de crottins et le lessivage des éléments polluants.

Et qu’en est-il au box ?

L’enrichissement du sol et le lessivage des éléments peuvent aussi être causés par la méthode de stockage du fumier. Des gaz (Ammoniac (NH3), protoxyde d’azote (N2O), Dioxyde de Carbone (CO2), vapeur d’eau (H2O), et méthane (CH4)) peuvent être émis des tas de fumier et de la litière lors de leur stockage et leur dégradation, ce qui peut être une source de pollution de l’air.

Certaines litières vont émettre moins de gaz que d’autre, par exemple, les copeaux de bois relâcheraient moins de méthane, protoxyde d’azote et dioxyde d’azote que la paille. La gestion du curage des boxes peut avoir un effet sur l’émission de gaz notamment d’ammoniac.

La quantité et la composition de fumier dépend de la taille, de l’âge des chevaux, de leur utilisation et donc de leur alimentation, et du type de litière. En moyenne un cheval d’un poids vif de 500kg produit 12 tonnes/an de fumier. Un fumier pailleux sera de plus gros volume qu’un fumier à base de copeaux. Pour la plupart des fumiers la concentration du phosphore et du potassium augmente durant le stockage. La concentration d’azote du fumier varie en fonction de la litière démontrant sa capacité d’absorption.

Le fumier étant riche en matière organique, azote total et étant bien pourvu en phosphore et en potasse, mais la teneur en azote ammoniacal étant faible ; il existe 3 possibilités majeures pour valoriser le fumier avec un intérêt économique et environnemental : la culture de champignons, le compostage, la production d’énergie.


La précision dans l’alimentation, la gestion des besoins du cheval, la gestion des effluents (fumier, urine, déchets), la gestion des pâtures et l’organisation de la structure contribue à une réduction de l’excrétion de l’azote et des minéraux et réduit l’impact environnemental de l’utilisation des chevaux.

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Suzie Bathellier